Matin brutal

Je soupira en glissant une main dans mes cheveux. J'avais toujours eu du mal à penser avant d'agir et j'avais encore plus de mal à assumer les conséquences de ces gestes que je posais sans vraiment réfléchir. Je devais assumer maintenant, et je n'en avais pas du tout envie. Mais me battre contre Carl, c'était juste hors des limites que je pouvais atteindre. Je l'aimais beaucoup trop pour cela. Peut-être que je devrais le lui dire un jour, lui dire à quel point je l'aime. Mais je me sentais si stupide de ressentir cela. Comment dit-on à l'homme de sa vie qu'il est l'homme de notre vie?

Je soupira de nouveau et prit Cassandra dans mes bras. Mes antidouleurs commencaient à faire leur effet et je sentais beaucoup moins mon dos, me permettant ainsi de me mouvoir plus facilement. Je monta à l'étage et remis ma fille au lit. Il dormait toujours très profondément. Il n'eut même pas conscience que je lui avais mis un autre pyjama pour remplacer celui qu'elle avait sali en mangeant.

Je me dirigea ensuite vers notre chambre à coucher, à Carl et moi. Je resta dans l'embrassure de la porte à le regarder un moment. Je m'approcha ensuite lentement du lit, sans faire de bruit, ne voulant pas déranger Carl dans ses pensées. Je m'agenouilla à côté du lit et le regarda encore un instant.

-Carl?, murmurais-je doucement, comme si je voulais le réveiller en douceur.

Je restais longuement sans tourner la tête. J'étais plus calme. J'avais pris le temps de penser un peu. Je finis par me tourner un peu vers Clairval et je dis finalement:

-Je ... Je suis désolé de t'avoir fais mal ...

J'avais bien remarqué que je lui avait fait du mal, elle m'avais fait mal aussi, mais bon, ce n'était pas grave. Je fermais les yeux et je soupirais, je dis finalement:

-Écoute ... Je ne sais pas quoi te dire, d'accord?

J'avais parlé d'une voix toujours calme, mais ce que je venais de dire prouvais à quel point j'étais perdu. Je ne savais plus quoi faire, et pardonner Clairval aussi facilement n'était pas simple.

Je posa ma tête contre la matelas, évitant ainsi de regarder Carl.

-Tu ne sais jamais quoi dire, murmurais-je.

Ce n'était pas un reproche. Je le comprenais. J'agissais toujours de la même manière. Et puis, je comprenais qu'il m'en veuille. Si j'avais appris qu'il s'était remis à tuer et qu'il devait coucher avec des gens pour parvenir à ses fins, j'aurais été très frustrée et en colère également.

-Tu sais, d'aussi loin que je me souviennes, j'ai toujours voulu être avec toi. Mais c'était impossible, je savais que tu avais des attentes qui ne me correspondait pas. Et maintenant que nous sommes ensemble, j'ai peur de te décevoir, je ne veux pas être une nuisance ou un poids. Mais chaque fois que je tente de ne pas l'être, je fais des conneries et je gâche tout, encore et encore.

Ma tête reposait toujours contre le matelas. Je n'avais pas l'habitude de m'ouvrir ainsi devant Carl et cela me semblait très étrange. En tant qu'ex-tueurs, nous avions appris à toujours être très discrets. M'ouvrir comme cela devant lui c'était, pour moi, une très grande preuve d'amour. Mais je ne sais pas s'il pouvait le voir ainsi. Je parlais beaucoup pour rien dire aussi et ça, il le savait.

j'avalais difficilement, elle me rendait fou à toujours dire des choses qui finiraient par m'attendrir. Je fermais les yeux et je pris une grande inspiration. Je m'approchais un peu d'elle et je dis d'une voix basse:

-J'ai peur de te déçevoir, de ne pas être à la hauteur de la nouvelle vie que nous vivons avec Cassandra ... J'ai peut-être toujours voulu ça, mais je ne l'ai jamais vécu. Je ne sais pas comment me comporter avec toi, et les paroles ne sont pas mon fort je ...

Je me taisis quelques instants, je me rendais compte que je commençais à m'emballer. Je détournais le regard, j'étais en colère contre elle, mais reconnaissant qu'elle m'ait dit tous cela. Je l'embrassais furtivement et je dis:

-Je suis toujours en colère ... Mais le nombre de conneries que je viens de faire, appaise un peu l'état des choses je crois.

Je l'avais frappé, je m'étais saoulé et battu, je crois que c'était bien assez, n'est-ce pas? ça n'enlevait pas le fait qu'elle m'avait trompé, mais j'avais l'impression que Clairval me le ferait oublier assez rapidement.

Je tourna légèrement la tête pour regarder Carl de nouveau. Il était toujours en colère. Normal, rien de plus normal. Mais cela me faisait mal de le savoir en colère à cause de moi.

-Tu préfères que je partes un moment, lui demandais-je. Quelques jours, le temps de réfléchir?

Je ne le voulais pas. Je préférais rester ici, près de ma fille, près de lui. Mais j'ignorais comment me faire pardonner, j'ignorais comment faire pour qu'il oubli un tant soit peu mes erreurs. Peut-être même qu'il ne réussirait jamais à me pardonnre. Cette simple idée me donnait envie de pleurer.

-Demande-moi ce que tu veux, et je vais le faire.