À la recherche d'une vie différente

La première fois que j’ai rencontré Carl Hyde, il me plut. Pas de la même façon que les hommes en général me plaisait, mais il avait ce petit quelque chose de différent. Il semblait toujours très certain de lui, ne vivant que pour lui et sa douce épouse de l’époque, se souciant peu des autres et effectuant son travail efficacement et sans se plaindre. Il était intéressant, très intéressant. J’étais attirée par lui, jamais je n’oserais le nier, mais jamais, dès le début, je n’aurais osé me dévoiler à lui comme l’étant. Je jouais le même jeu auquel je jouais avec tout le monde, le jeu de la drague. Et à chaque fois, il me repoussait. Je prenais goût à ses rejets. S’il ne pouvait m’aimer, ou du moins être attiré par moi, je savais qu’il avait tout de même certains sentiments. Jamais bien positifs ses sentiments, mais à défaut d’être aimé, je préfère encore être détestée plutôt qu’oubliée.

L’Undercity fut un bon moment, remplie de rencontres diverses, parfois intéressantes, parfois très ennuyantes. Si j’avais vraiment eu le choix, je ne serais jamais venu ici, je n’aurais jamais décidé de travailler pour Benny. Mais lorsque l’on est une fugitive, quel choix nous reste-t-il? J’étais devenue une tueuse. C’était même devenu très facile pour moi. Je n’aimais pas particulièrement cela, mais c’était bien payé. Je n’allais tout de même pas me plaindre. Ma vie dans l’Undercity aurait pu être bien plus joyeuse si je n’avais pas été aussi idiote. Ce n’est aujourd’hui que je réalise que j’étais jalouse de l’attention de Carl pour cette ancienne prostituée de Benny, Eddy. Elle avait réussi quelque chose que personne auparavant, même moi, n’avait réussi. Elle avait décongelé Carl! Lorsque lui et moi avions couchés ensemble, je m’étais dit que j’étais parvenu à obtenir ce que je voulais, que maintenant je puisse peut-être attendre plus de lui. Mais elle était là et il était retourné naturellement vers elle. Si je pouvais revenir dans le temps, je ferais les choses différemment, je tenterais de rester plus près de lui, d’être plus «féminine» ou gentille. Des trucs qui auraient pu l’attirer davantage que la tueuse étrange nymphomane, comme il aimait le dire, et alcoolique qui lui servait de collègues de travail.

Ne vous méprenez pas. J’aimais Yuuri, profondément, mais c’était tellement différent. La passion et l’amour qui nous liait à l’époque n’étaient pas faux, cependant je ne pourrais jamais le comparer à Carl. Ils avaient tous deux leurs points forts et faibles. Je me hais aujourd’hui en songeant que je me rabattais sur Yuuri car Carl m’ignorait. Ce n’est pas la vérité, mais parfois, lorsque je me regarde dans le miroir et que je réfléchis sur le passé, c’est l’impression que j’ai. Surtout en repensant à cet enfant que je perdis. Au fond de moi, je crois que j’espérais presque que mon histoire se termine ainsi. Aurais-je été capable de vivre toute ma vie avec Yuuri, entourée d’enfants? Je n’étais pas prête à avoir cet enfant, mais le perdre intentionnellement était au dessus de mes forces. Je n’étais pas non plus prête à devenir un couple avec Yuuri. Il était gentil, il l’est toujours, mais il n’a jamais été ce que je recherchais vraiment dans ma vie. Je me trompe peut-être. Si j’avais pris la peine de faire attention à ce qu’il tentait de me faire comprendre, j’aurais pu être heureuse, mais je ne voulais pas de son bonheur à lui. Je m’obstinais à ne voir que Carl, que son bonheur à lui et espérer en faire partie. Je suis partie, j’ai quitté l’Undercity, je les ais tous trahi, pour le bien de mon enfant que je disais. Foutaise! Je devais simplement m’éloigner et reprendre le contrôle sur ma vie et mes pensées. M’éloigner de Yuuri, m’éloigner de Carl surtout, et tenter de voir ce que ma vie pouvait me donner. C’était tellement naïf et stupide de ma part. Je doute que je ferais les choses autrement aujourd’hui, mais je tenterais tout de même de me trouver une meilleure échappatoire.

Ma mère, bien qu’étant très chiante, m’avait toujours dit qu’il n’existait qu’une personne faite pour nous dans tout l’Univers. Une seule personne à la fois contraire et identique à notre personnalité. Une seule qui pourrait nous comprendre et que nous pourrions comprendre parfaitement. Cette personne serait difficile à rencontrer. Peut-être même que jamais nous ne la rencontrerions. C’est pour cela que nous devions rester aux aguets et toujours garder l’œil ouvert. J’ai longtemps cru que cette personne était Carl, je le crois toujours. Jamais je n’oserais lui dire par contre. Je doute survivre à un tel rejet. Quoique… Ma mère disait que mon père était son âme sœur. À voir où ils ont aboutis tout les deux, très loin l’un de l’autre, se détestant profondément, c’était un peu naïf de ma part de croire que Carl pouvait être l’homme de ma vie. Mais je m’accrochais à cette idée. J’avais toujours eu cette vilaine tendance à m’accrocher à des trucs futiles.

Après l’Undercity vint la prison. Pénible, très pénible moment. Si je croyais avoir vue l’horreur pendant la guerre, je me trompais lourdement. Tout débuta avec ma rencontre avec Carl. Le regard dans ses yeux alors qu’il se ruait sur moi pour me tabasser… Jamais je ne pourrais oublier ce moment. Je ne lui en voulais pas de m’en vouloir, il avait raison. Mais j’étais tellement perdue et triste de le voir me regarder ainsi, d’avoir perdu même cette petite trace d’appréciation qu’il pouvait parfois avoir pour moi. C’est à ce moment présent que je compris réellement ce que je ressentais pour lui. Il n’y avait jamais été question de passion, c’était tout simplement de l’amour. Je pris peur, évidemment, mais ne le montra pas. Je tentais alors de m’habituer à la prison, appréciant le fait que Carl n’était pas vraiment devenu mon ennemi, qu’après tout ce que j’avais pu lui faire subir, qu’il tenait encore un peu à moi. Ce n’était qu’en amis, je devrais même dire plus comme simple connaissance. Mais ce n’était pas désagréable. Il y avait encore Yuuri pour me faire sentir aimer. Je m’en veux d’avoir ainsi jouer avec ses sentiments. C’était terriblement égoïste de ma part. Je n’ai cependant jamais prétendue que je n’étais pas égoïste.

Le viol dont je fus victime remit bien des choses à leur place, dans mon corps et dans ma tête. Ce fut quelques temps après cela que je mis définitivement une croix sur Yuuri. J’étais certaine qu’il me le ferait regretter et amèrement, ou le faire regretter à Carl, mais non. À ma grande surprise, il se fit discret. S’en était inquiétant, mais je finis par l’oublier, plus rapidement que je ne l’aurais cru au commencement.

À chaque fois que j’avais l’occasion d’être avec Carl, je l’étais. Bien que nos petites parties de jambes en l’air ne servaient qu’à le détendre, je prétendais dans ma tête que nous étions un couple mariée, qu’ils ne fallaient pas faire de bruit pour ne pas réveiller les enfants. Totalement puéril de ma part, surtout sachant que jamais il n’y aurait de sentiments de son côté, mais j’en avais besoin. Si ma vie allait se résumer à mourir en prison, je voulais mourir heureuse, même si mon bonheur était un gros mensonge.

Tous les soirs, je m’allongeais dans ma couchette, sur le dos, les yeux fermés, et j’attendais que Carl arrive. Lorsque je sentais sa présence, je me tournais sur le côté et je m’endormais, sans même le regarder. Sa simple présence me faisait le plus grand bien. Les jours qu’ils devaient passer en isolation du à son comportement agressif étaient très pénibles pour moi. Je n’arrivais jamais à fermer l’œil de la nuit. Parfois, je sentais qu’il était blessé, s’étant probablement battu avec un autre détenu ou un gardien. Quand je sentais qu’il était encore agressif, je restais dans mon lit, sans bouger. Je m’endormais quelques minutes après lui. Si je le sentais relativement calme, je me levais et allais l’aider à panser ses blessures. Il me repoussait pratiquement à chaque fois. Avec le temps par contre, il me repoussait moins agressivement, moins longtemps. Je ne sais pas si à ce moment il était tout simplement reconnaissant que je l’aide ou s’il s’était dit que je n’allais pas l’abandonner à son sort, peu importe ce qu’il faisait. Et lorsque je sentais qu’il était sur le point de tout lâcher, j’allais le rejoindre dans son lit et lui faisait oublier ses pensées négatives. Dès qu’il s’endormait, je retournais à ma couchette et pleurais dans mon oreiller pour cacher le bruit de mes sanglots. Je me brisais le cœur de plus en plus, mais j’étais prête à faire ce sacrifice pour le garder près de moi.

Évidemment, la prison n’est pas un milieu sécuritaire. Si les détenus veulent forniquer, c’est à leur guise, mais il est hors de question de leur donner de la protection. Sans réelle surprise, je tomba enceinte. Je savais que c’était de Carl, il était le seul avec qui je couchais, bien que je doute qu’il me croyait lorsque je lui disais cela. On doit comprendre qu’une détenue ne peut pas être enceinte. Lorsque je sentis les premiers symptômes d’une grossesse probable, j’hésita un long moment avant de me présenter à l’infirmerie. Et lorsque j’eus la confirmation que j’attendais vraiment un enfant, je demanda au docteur d’attendre avant de révéler cette information à la directrice. Je voulais avoir la chance d’annoncer la nouvelle au père, même si je devais me faire avorter. J’étais certaine qu’elle refuserait mais, au contraire, elle accepta. Ce soir là, je n’attendais pas Carl couchée sur mon lit. J’étais assise sur le rebord de mon lit, les yeux baissés sur mes mains. Je tremblais, j’avais peur. Je crois qu’il le sentit en entrant dans la pièce. Il n’a jamais été doué pour se soucier des autres, et je dois admettre que ses efforts pour être gentil furent appréciés. Je lui annonça alors la nouvelle, tout simplement, sans rien dire d’inutile. « Je suis enceinte Carl, de toi. ». J’attendis une réaction qui ne vint pas. Il serait là pour moi, je le savais, mais… Même si cet enfant représentait une chose qu’il souhaitait plus que tout au monde, il ne pouvait pas l’avoir. Premièrement, je ne pouvais le garder. Deuxièmement, il était de moi. Il ne le dit pas, mais je savais que la simple idée d’avoir un enfant avec moi était plus qu’idiote.

Quelques jours plus tard, Carl et moi fûmes convoqués dans la salle de rencontre. Je me demandais bien qui, nous connaissant tout les deux, pourraient vouloir nous rencontrer. Un homme se présenta à nous, j’ai oublié son nom, un avocat, travaillant en collaboration avec l’armée américaine et les services secrets, un truc du genre. Un grand titre inutile si vous voulez mon avis. Il nous raconta des trucs assez étranges sur une enquête longue et difficile, sur des démarches de je-ne-sais-plus-quoi. J’avais des bases en droit, ayant suivi des cours lorsque j’étais dans l’armée, mais ce qu’il disait était vraiment complexe.

Lorsque cet avocat sortit de nulle part à déposer devant nous des feuilles de libération, je crois que nos regards disaient que nous ne comprenions absolument rien à la situation. Il nous expliqua que, même si nous n’étions pas au courant à l’intérieur des murs de la prison, des gens travaillaient pour nous à l’extérieur, dont lui, pour nous faire sortir. Il avait réussi à faire la preuve qu’il n’y avait aucune preuves contre nous, que si nous avions quoi que se soit à voir avec les crimes commis dans l’Undercity, il n’y avait aucune preuves matérielles, outre des commentaires et dépositions des gens. On ne met pas des gens en prison avec des allégations.

Je ne sais pas si à cet instant je rêvais, mais j’eus l’impression de sentir Carl être libéré d’une certaine tension. Sans réellement le démontrer, je sentais qu’il était heureux de cette libération, qu’à partir de maintenant, tout soit terminé pour lui. J’étais heureuse pour lui, je savais à quel point il tenait à sortir de cet endroit, il le méritait. Avait-il simplement fait quelque chose de mal? Non. Évidemment, pour plusieurs, tuer d’autres gens est mal, mais lorsque nous sommes en guerre, c’est nécessaire. Moi, par contre, j’avais tué des gens alors que je n’étais pas en guerre.

-Je ne suis pas libre, dis-je en regardant l’avocat. Je ne suis pas en prison pour les crimes que j’aurais pu commettre lorsque je vivais dans l’Undercity.

L’avocat me regarda un long moment sans ne rien dire, puis il sembla comprendre ce dont je lui parlais. Son regard perdu se transforma en surprise la plus totale.

-On ne vous a donc rien dit?

Devant mon interrogation plus qu’évidente, il poursuivit. L’homme qui avait causé ma perte, ainsi que celle de plusieurs autres soldats, le Général Matthison, s’était enlevé la vie quelques années plus tôt laissant derrière lui de nombreux écrits et documents le tenant comme responsable du massacre que j’avais du commettre du temps que j’étais dans l’armée. Les derniers soldats attendant toujours dans le couloir de la mort pour cette atrocité avaient été blanchis. Ils avaient même eu droit à des excuses en règle et à une réintégration au sein des forces militaires. Comme moi. Je fixais l’homme un long moment, incertaine de ce qu’il venait de me dire.

-Non… On ne m’avait pas prévenu.

Mon regard se baissa ensuite vers les documents de libération devant moi. Je pris le crayon que me tendait l’avocat et signa la feuille, ne prenant même pas la peine de lire ce qu’il y avait d’inscrit. Jamais ce document ne pourrait contenir des clauses pires que ce que je vivais ici.

Les jours qui suivirent se déroulèrent rapidement. Personne n’était jamais sortir de cette prison sans s’évader. Pour la première fois dans l’histoire de la Prison de Sadismus, des détenus seraient innocentés et recouvreraient leurs libertés. Pendant un moment, je crus que ces libérations miracles allaient être couvertes par les médias. Tout était par contre très calme à l’extérieur. Je crois que les autorités et les directeurs de la prison ne voulaient pas mettre trop l’accent sur leurs erreurs. De plus, si les médias étaient là, nous aurions pu parler des conditions d’incarcération minables de la prison. Bien que le public sache que la prison de Sadismus était l’une des pires, il ne se doutait même pas de l’extrémité de certains moyens pour contrôler les prisonniers. Cela me rassurait cependant de savoir que personne n’allait nous filmer, nous poser des millions de questions. Après près de six ans en prison, que pourrions-nous dire à des journalistes assoiffés de réponses?

Il pleuvait le jour de notre libération. Je déteste la pluie. Mais cela ne m’empêchait pas de sourire. Je doute que quoi que se soit aurait pu m’empêcher de sourire. Carl et moi étions côte à côte, attendant que les portes s’ouvrent pour nous laisser partir. J’étais calme et aucun mot ne sortait de ma bouche, contrairement à mon habitude. Sans vraiment le réaliser, ma main se posait toujours sur mon ventre. Cet enfant, j’allais le garder, rien ni personne ne pourrait me faire changer d’avis. Je risque un regard vers Carl. Il semblait calme, mais je voyais tout de même une certaine excitation en lui à l’idée de sortir de cette prison affreuse. La plupart des gens ne l’auraient pas vu, mais j’avais appris à beaucoup observer Carl et je comprenais généralement la plupart de ses réactions.

Les portes finirent par s’ouvrir. J’aperçus, un peu plus loin, une silhouette sous un parapluie, attendant devant les portes. Je reconnus immédiatement mon frère. Sans attendre, je me précipita vers lui et lui sauta dans les bras, manquant de lui faire échapper son parapluie. Je le serrais fortement et longuement dans mes bras. Il ne pouvait pas savoir à quel point j’étais heureuse de le voir en ce moment. Je me détachais lentement de lui, lui souriant toujours.

-Voyons? Tu ne t’attendais tout de même pas que je te laisse sortir d’ici toute seule?

Je me souvins alors que Carl était sorti en même temps que moi de la prison. Je me tourna vers lui et l’observa un long moment avant de lui demander, un peu inquiète par la réponse qu’il pourrait faire.

-Tu viens?

J’avais réellement peur de sa réponse. Il pourrait me dire qu’il me suivait, mais je savais bien que c’était pour l’enfant que je portais et qui était «peut-être» de lui, selon ce qu’il pouvait penser. S’il me suivait, ce ne serait pas pour moi, mais j’étais prête à l’accepter. Cependant, il pourrait également me dire qu’il ne voulait pas me suivre, me dire tout simplement «adieu» et que l’on se reverrait peut-être un jour.

La prison était la pire épreuve de ma vie. Je ne sais même pas pour quelle raison j’ai survécu. Lorsque l’on m’avait annoncé la mort de Eddy, j’avais voulu tout laisser tomber, je n’avais jamais été quelqu’un qui craignait la mort, si je n’avais pas de but, ce qui était le cas, sortir de prison et faire quoi? Je n’avais plus d’emploi, et sincèrement, je n’en n’étais plus au même stade de ma vie, celui où je tuais des gens. Des gens pour la plupart coupables, oui, mais je n’avais plus envi de tuer, j’avais cette envie, de vivre avec ma femme, avec des enfants, dans une jolie maison en campagne. C’était un rêve insensé pour moi, et je m’en rendais bien compte maintenant, alors que j’avais survécu, que Clairval, Benny et Yurri avaient survécu, mais pas Eddy …

Je n’avais pas ressentis de la tristesse en apprenant sa mort. Plutôt un profond désarroi. Je ne savais plus quoi faire, où m’en aller. J’étais en prison à vie, et je ne supporterais pas cet enfermement aussi longtemps. J’étais claustrophobe, j’avais toujours été quelqu’un de très libre, la prison m’étais tout simplement insupportable. D’autant plus que j’avais fait cette erreur en arrivant ici, celle de me faire remarquer. Mais jamais je n’aurais cru que cette prison enfermait entre ses murs des gardiens plus sadiques que leurs propres prisonniers. Et puis j’avais vécu des choses inimaginables. Je survivais parce que j’étais orgueilleux. Mais je savais que bientôt l’orgueil me ferait défaut, je ne tiendrais pas le coup.

Et puis, il est arrivé ce truc, Clairval. Je n’avais jamais songé à la relation que j’avais avec Clairval. J’aimais baiser avec elle, je crois que c’était tout ce que je savais. Mais c’était plus que cela et au fond j’en étais moi-même conscient. Mais il y avait Eddy, il y avait toujours eu Eddy et elle était tout à fait le portrait de la femme que j’aimais. Douce, gentille … Mais qui avait le caractère pour me remettre à ma place lorsque le temps était venu, et dieu sait, que j’en avais besoin parfois. J’en étais moi-même bien conscient d’ailleurs. Mais lorsque je l’avais retrouvé, dans ce couloir. Quelque chose s’est produit, un déclic. J’avais ressentis quelque chose quelques instants avant. J’avais sentis qu’il y avait un problème. Mais comment aurais-je pu savoir. Et comment est-ce qu’un viol pouvait me faire prendre conscience de mes sentiments?

J’ai été près d’elle je crois, à ma façon. Rustique, mais j’ai toujours eu beaucoup de difficulté avec les rapports humains. Et pourtant, ce ne sont pas les efforts qui manquent. Mais je crois qu’elle comprend, et qu’elle apprécie. J’aime ça. J’avais toujours trouvé Clairval agaçante. Mais depuis la prison elle n’est plus là même. Beaucoup plus calme, et dieu sait que j’aime le calme et le silence. Là pour moi également, je ne compte plus les fois où elle a pansée mes blessures. J’ai toujours ce réflexe de vouloir me débrouiller seul, peut importe les circonstances, mais j’ai toujours été énormément reconnaissant, de sa présence, d’être là pour moi alors que je la repousse à chaque fois. J’espérais pouvoir me racheter d’une certaine façon. Je ne savais pas comment, mais je finirais par trouver.

Et puis il y a eu cette journée là, lorsque je suis entré dans la cellule et qu’elle m’attendait visiblement. Nous avions couché ensemble plusieurs fois. Et elle m’anoncait qu’elle était enceinte. Me disant que c’était moi. Mais comment pouvait t’elle le savoir? Et elle ne me ferait jamais croire que j’étais le seul homme avec qui elle couchait … Mon opinion avait beaucoup changé envers elle. Mais je ne pouvais pas le croire. Je n’eu pas une grande réaction pour cette raison. Mais je ne savais pas comment réagir. Comment réagir alors que nous étions ici à vie. Cet enfant allait mourir, que je sois ou non le père. Je ne voulais pas savoir, car si j’aprennais que j’étais réellement sont géniteur, je savais que je me battrais jusqu’à ma mort pour qu’il reste en vie. Je crèverais, et lui également. Après autant de temps en prison, je savais que je n’avais aucune chance. J’avais beau être fort, fou, agressif, tout ce que vous voudrez, je n’étais pas grand-chose ici face aux gardiens. Devant les prisonniers c’était autre chose. Mais les gardiens étaient armés.

Ensuite les choses se déroulèrent étrangement rapidement. Comme dans un rêve. L’on nous appris que nous étions libre … C’était impossible. J’avais tué tellement de gens. Mais j’avais toujours sût qu’au fond l’ont avait pas de preuves contre moi. N’importe qui dans l’undercity aurait pût commettre ses meurtres. J’étais libre, Clairval également. Je n’arrivais pas à y croire, et j’étais dans une sorte de rêve éveillé. J’avançais, je suivais Clairval sans me rendre compte de la situation. J’eu ma première réaction qu’une fois à l’extérieur, lorsque je sentis la pluie sur mon visage. Il y avait tellement longtemps que je n’avais pas été mouillé par la pluie, c’était une sensation tellement intense, si je ne savais pas me contenir un minimum je ferais probablement toutes sorte de choses qui inclurais le mot « gambader » et « sautiller » …

Tu viens?

Je tournais les yeux vers la jeune femme. Je souriais. Depuis des années je crois que je n’avais pas souris sincèrement. J’étais libre, je n’avais plus de vie, mais pour l’instant j’étais libre. J’aquiessais doucement et je dis :

-Oui.

Je fermais les yeux quelques instants, et, sans jeter le moindre coup d’œil à Sadismus je suivis Clairval et sont frère. J’étais encore reparti dans mes pensées. Mais là, ce ne serait plus tellement difficile de m’en faire ressortir. Je ne songeais pas pour le moment que Clairval était enceinte, et qu’il était probable que je sois le père. Peut-être que j’avais oublié ce détail puisqu’il m’avait paru insensé que je sois réellement le père. Elle ne savait probablement pas que c’était le plus beau cadeau qu’elle pouvait me faire. Un enfant. Un moyen d’avoir une raison de vivre. Avec elle, avec cet enfant. J’aimais Clairval mais je n’en prenais pas pleinement conscience.

Il eu un voyage en voiture, sont frère nous déposa dans un motel. J’en fus reconnaissant. Je n’avais pas particulièrement envi de voir d’autres personnes. Il s’expliqua avec Clairval et elle vint ensuite me rejoindre à l’intérieur. Je ne dis rien, je ne crois pas qu’il y avait quelque chose à dire en fait.

-Je vais prendre une douche. Dis-je simplement.

Et puis je me dirigeais dans la salle de bain avec les quelques affaires que j’avais. J’avais besoin d’une douche chaude, me changer les idées. Être totalement propre. Et pourtant, l’idée d’être avec Clairval ne me dérangeait pas. J’avais envi d’être avec elle. Par contre je ne savais pas si c’était réciproque, elle aimait probablement toujours Yuuri. Alors je ne savais pas comment me comporter face à elle, vis-à-vis cette relation qu’elle avait eu avec Yuuri. Je donnais cette impression de me foutre de tout, mais je pensais beaucoup. Je ne me souciais pas de l’opinion des autres, mais je pouvais songer à cette opinion.

Je voulais parler avec elle. Mais je ne savais pas quels mots utiliser. J’avais envi qu’elle me rejoigne, ici. Je savais que lorsque je sortirais, malgré toutes mes bonnes intentions, je ne poserais probablement pas de questions. Je savais que je ne dirais rien …

J'avais été très soulagée de voir le visage souriant de Carl. Soulagée et incroyablement heureuse. Pour le moment, il acceptait encore de se trouver avec moi, d'être dans la même vie que moi. Est-ce que cela allait durer? Je l'espérais, mais je n'en attendais pas trop.

Mon frère nous guida jusqu'à un motel où il nous y abandonna. Carl entra en premier dans la chambre et je resta un moment dans la voiture. Mon frère m'explique qu'il avait encore fait des bêtises et qu'il était recherché par la police. Il ne voulait pas nuire à ma nouvelle liberté en restant près de moi. Cela me rendait triste et un peu inquiète. Je devrais donc rester complètement seule avec Carl.

Avec avoir embrassé mon frère, je me rendis dans la chambre du motel. Carl me dit qu'il allait prendre une douche. Je ne répondis pas, me contentant de simplement hocher la tête. Je le regarda partir dans l'autre pièce, résistant à l'envie de le suivre. Il voulait probablement être seul, sinon il ne serait pas disparu aussitôt que j'étais entrée dans la pièce.

Je laissa les lumières fermées et alla m'installer devant une fenêtre, regardant la pluis tombée à grosses gouttes. C'était plaisant de pouvoir regarder simplement la vie évoluer, sans barreaux pour nous faire comprendre que nous n'étions plus rien. Je regardais à l'Extérieur et je craignais de voir apparaître des voitures de police qui viendraient nous chercher et nous remettre les barreaux. Erreur sur la personne, vous retournez à Sadismus! La simple idée de retourner là bas me donnait envie de pleurer. J'étais plus forte que cela, je le savais, mais ce n'était pas facile. Je devais être forte, pour mon enfant, pour Carl. Je ne voulais pas qu'il se lasse de moi et qu'il décide de me quitter.

Je songea à tout ce que je pourrais lui dire lorsqu'il sortirait. Mes questions, mes réponses, tout était si bien construit dans ma tête. J'imaginais même les réponses et les questions qu'ils me feraient. Tout les scénarios possibles. Je doutais par contre être capable de parler lorsqu'il sortirait. Alors, j'attendis, tout simplement, fixant les gouttes qui coulaient le long de la fenêtre.

Je sortis quelques instants plus tard. Cette douche m’avais fait du bien, revigoré un peu dans un sens. Bien que j’étais extrêmement fatigué, je l’avais été durant toutes ses années en prison. J’avais remarqué en me regardants dans le miroir que j’avais de nombreuses blessures, nouvelles cicatrice. Je fermais les yeux, en prison c’était tellement normal, et maintenant j’en étais honteux. Pourquoi? Je ne comprenais pas moi-même. Mais j’enfilais des vêtements pour éviter que Clairval ne les voient … Bien qu’elle les ait probablement déjà vus.

Je vins me poser près d’elle, je ne disais rien, je fixais également à l’extérieur. J’avais pris le temps de songer à ce qu’elle m’avait dit, à cet enfant, je finis par dire d’une voix basse :

-Tu peux compter sur moi …

Je tournais enfin la tête vers elle. La fixant sérieusement. Je n’étais pas du genre à faire des paroles en l’air, et c’était probablement le trait de mon caractère que l’ont pouvait le plus connaître à propos de moi. Je ne mentais pas, je n’en voyais pas la nécessité. Je disais les choses comme je les voyaient, peut importe les conséquences, … Une chance que je ne parlais pas beaucoup en fait.

-Par seulement pour lui … Dis-je maladroitement. Pour toi aussi. Terminais-je d’une voix plus basse.

Je baissais les yeux. C’était difficile pour moi de dire ce genre de choses. Mais je voulais qu’elle sache, que même si ce n’était pas mon enfant, je ne partirais pas pour autant. Clairval était tout ce qui me restait, et sincèrement, je n’étais pas déçu de ce qui me restais …

Je baissa doucement la tête, souriant légèrement. Je ne m'attendais pas à cela, qu'il me dise cela. Il me prenait de court. J'avais envie de lui dire qu'il n'était pas obligé de faire cela, que je comprendrais s'il préférait éviter de s'affilier à moi dans le futur, mais les mots refusaient de sortir de ma gorge. C'était égoïste de ma part, mais si j'avais la possibilité de le garder auprès de moi, même de cette façon, j'allais le faire.

-Si tu savais... Tout ce que j'aimerais te dire, mais que je ne trouve pas le courage de dire, murmurais-je.

Je releva lentement la tête et l'observa un moment. Malgré la noirceur de la pièce, mes yeux étaient illuminés par un sentiment étrange, tout l'amour que j'avais pour lui. À défaut de pouvoir lui dire, je lui montrais. Je tentais de le faire. J'aurais aimé lui dire que je l'aimais, lui raconter les rêves que je faisais, où je le voyais avec moi, dans une jolie petite maison. Même s'il désirait rester près de moi en ce moment, j'avais du mal à m'imaginer que c'était vraiment pour moi.

-J'ai tellement peur... C'est idiot, mais je m'y étais fait à la vie en prison. J'avais même abandonné l'idée de sortir de là un jour... Je me rabattais sur le fait que tu étais là avec moi. Qu'avec toi, je pourrais surmonter ses journées dures et pénibles. Et maintenant... On est libre... De faire ce que l'on veut... De partir chacun de notre côté...

Je cessa de parler. J'avais envie de pleurer. La fatigue, la faim, la peur, la joie, tout se mélangeait dans ma tête. Je n'aimais pas paraître faible devant Carl, je ne voulais pas. Il était alors mieux que je me taise avant que ma voix se brise.

Je me tourna alors vers la pièce, prenant une grande respiration. Il n'y avait qu'un lit dans la chambre. Nous allions devoir la partager. C'était idiot, mais savoir que personne ne pourrait nous surprendre dans le même lit me donnait envie de lui sauter dessus. Ce n'était pas vraiment appropriée à la situation par contre.

-Qu'est-ce que l'on va devenir maintenant Carl? Qu'est-ce qu'on va faire maintenant que l'on est libre?

Je l'écoutais parler. J'étais inquiet également. Nous avions passer tellement de temps en prison que maintenant la libertée nous semblait si soudaine ... Si grande. Je n'avais pas tant d'inquiétudes. Probablement pas autant que Clairval. Mais je devais avouer que j'étais content de garder un peu de celle que j'ai connu en prison. Celle qui me disait un peu ce qu'elle ressentait.

-Je ne vais pas partir de mon coté ... Dis-je d'une voix basse.

Je ne donnais pas d'explications. J'aurais pu tout simplement dire que je n'avais pas de coté où aller ... Que je voulais m'occuper d'elle, de l'enfant. Elle savait que j'avais toujours voulu une famille. Mais elle croyait probablement que je ne voulais que des gamins et je serais content. Non, elle ne savait surement pas à quel point je voulais vraiment une famille. Et si Clairval ne redevenait pas la nymphomane arrogante que j'avais connu, elle était tout le portrait de ce que je voulais ... Elle m'attirait beaucoup. Mais je crois qu'en quelque sorte j'avais peur d'elle. Je n'étais pas un homme qui ressentais l'envi de baiser à chaque instant de la journée. Mais avec elle. J'avais souvent envi de le faire ...

Je me retournais également, j'attrapais doucement sa main et je dis d'une voix calme et sérieuse.

-On va vivre, Clairval ... Vivre pour de vrai ... Rattraper ce que nous avons perdu durant toutes ses années ... Terminais-je d'une voix basse.

Je me tournais vers elle et je l'embrassais doucement. Sur la bouche, et j'ecartais ses cheveux pour l'embrasser dans le cou. Ensuite je m'écartais d'elle. Je me laissais tomber sur le lit, et je dis avec une étrange lueur dans le regard et un sourire amusé.

-Et tu sais ce que je vais faire? M'acheter un paquet de cigarette, une bouteille de Wisky, un gros steak avec de la sauce ...

Je fermais les yeux et je dis:

-Et tu vas faire la même chose ... enfin en prennant les choses que tu désires, toi.

J'ouvris les yeux. J'étais tellement fatigué, mais j'étais énervé. Fébrile.

Carl n'arrêterait vraiment jamais de me surprendre. Les baisers qu'il venait de me donner m'avait envoyé une décharge électrique dans tout le corps. Il l'Avait fait, sans sembler se sentir obligé de le faire, comme si c'était quelque chose de très naturel à faire. Je souris un peu en le regardant s'étendre sur le lit. Il avait les yeux brillants, il était tellement beau comme cela. Je ris un peu lorsqu'il dit ce qu'il allait faire.

-Je pencherais plus pour un hamburger-frites avec beaucoup de ketchup. Et un grand verre de lait frais. Disons que je préfère éviter l'alcool et les cigarettes pour le moment.

J'aimais l'alcool, ce n'était pas un secret, mais si j'avais eu le choix entre un verre de lait et un verre d'alcool, je n'aurais jamais hésité. J'adorais le lait. C'était un espèce de péché mignon. Heureusement que ce n'était pas quelque chose de néfaste pour la santé. Et avec ma grossesse, je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Pas d'alcool, pas de cigarette, pas d'effort inutiles, quitte à devoir mettre mon orgueil de côté et demander de l'aide.

Je souris à Carl un moment avant d'aller le rejoindre sur le lit. Je grimpa sur le lit et me mit à califourchon par dessus lui.

-Parler de nourriture m'a donné faim Carl... Et il n'y a rien à manger dans la pièce... Enfin... presque rien...

Je me pencha vers ses lèvres et l'embrassa doucement. Je n'avais pas bien dormi depuis plusieurs jours, j'étais beaucoup trop excitée à l'idée de sortir de la prison. Mais même si la fatigue se faisait de plus en plus forte en ce moment, j'étais encore énervée. Je savais que je ne trouverais pas le sommeil maintenant.

-Aide-moi à rattraper mes années perdus Carl, murmurais-je avant de l'embrasser à nouveau, un peu plus passionnément.

Je souris en la voyant grimper sur moi à califourchon. Il était toujours plaisant d’avoir Clairval à proximité de soi, disons qu’elle dégageait quelque chose d’attirant, une sorte de fantasme, je crois que je l’avais toujours vu ainsi, mais probablement que ma vision des choses changerais, resterait toujours un fantasme, mais un fantasme plus accessible … J’acceptais le baiser et je le lui rendis, je fis passer mes mains lentement sur son corps, me faufilant en dessous de ses vêtements, jusqu’à ce que je m’arrête un peu brusquement. Je pris un air faussement désolé, et je dis :

- … Le dépaysement est bien trop fort … Après quoi, 6 ans en prison … C’est difficile de faire l’amour normalement … Non attend, je devrais t’attacher, ou bien tu m’attache, un des deux …

J’haussais les sourcils et je repris mon exploration de sont corps. Je ne devrais pas faire trop de blagues avec Clairval. Des plans pour qu’elle me prenne au sérieux. Je poursuivais les caresses et je l’embrassais passionnément. C’était tellement bon de faire ça ici, sans être surveillé et probablement vu lorsque nous faisions l’amour. J’avais hâte de faire tellement de choses, de trouver une maison … d’avoir une vie normal … Je me rendais compte que tous ses projets, Clairval était incluse, j’avais une certaine peur de lui parler de ce que j’avais en tête … Car Clairval n’était certainement pas du genre à vouloir une petite vie tranquille, avec des enfants … Du moins pas comme moi …

Je ris à la remarque de Carl et fut presque triste qu'il continue sans me laisser le temps de répliquer. J'aimerais bien l'attacher un jour, ou même qu'il m'attache. J'adorais trouver de nouveaux moyens d'excitation. Peut-être qu'un jour nous pourrions tenter de découvrir de nouveaux moyens. Pour le moment, cela me semblait un peu prématuré.

Tandis que Carl poursuivait ses caresses, j'entrepris de redécouvrir à nouveau son corps avec mes mains et ma bouche. C'était tellement plaisant de sentir nos deux corps enflammés s'entrelacés de la sorte, loin de toute tension.

Lorsque la «passion» redescendit, je resta sous les couvertures, très près de Carl, sans toutefois glisser mon bras autour de son torse, je n'osais pas le faire. Par habitude, lorsque nous terminions de faire l'amour, je retournais dans mon lit. Je n'avais plus cette chance désormais. Oui, une «chance». La chance de, pendant un moment, prétendre que rien de tout cela m'affectait. Rester près de lui comme ça par contre, ça me rendait bizarre. Pas dans le mauvais sens du terme par contre.

-Carl, murmurais-je avant qu'il ne s'endorme. Qu'est-ce qu'on va faire maintenant? Je veux dire... Pour l'enfant...

J'étais tellement épuisé, que m'endormir ne serait probablement pas très long. J'avais bien apprécié ce petit échange, passionné, mais ce n'était pas pour me rendre plus actif, même si la faim, l'envie de faire beaucoup de choses me prennais la tête, je devais dormir, et je le savais.

Qu'est-ce qu'on va faire maintenant? Je veux dire... Pour l'enfant...

Je fus surpris par la question qu'elle me posa. Je tournais vivement la tête vers elle, la fixant dans les yeux. Un air étonné que je tentais un peu de cacher.

-Quoi? Que veux tu faire de l'enfant? Demandais-je, peut-être un peu sèchement à mon goût. Je fermais les yeux quelques instants, reprennant mon calme et je dis:

-Que veux tu dire? Je ... Enfin ...

Je fronçais les sourcils. Je ne savais pas comment lui demander. Elle me l'avais déja dit, je finis par dire:

-Tu es certaine que je suis le père? Je ... Tu me l'as dit en prison, mais tu couche avec tout le monde ... et ...

Je ne me rendis pas compte sur le moment que ce que j'avais pu dire pouvait peut-être la blesser. Mais c'était ce que je connaissais d'elle. Comment pouvais-je savoir que j'étais la seule personne avec qui elle avait couché dernièrement ...[/b]

Je sursauta lorsque Carl me répondit sur un ton sec. Si je ne m'étais pas retenu, je me serais éloignée de lui et je l'aurais boudé. Il semblait pourtant faire des efforts pour ne pas trop s'emporter rapidement. Je comprenais mal son attitude et je n'osais pas non plus le questionner.

-Je veux dire, commencais-je calmement, que je n'ai pas envie d'accoucher dans un motel comme celui-ci. Je sors de prison, enceinte, personne ne va vouloir m'engager car je sors de prison et je suis enceinte, donc pas d'argent, car je me doute que ma mère a dillapidé tout mon argent dès qu'elle en a eu l'occasion.

Je baissa les yeux lorsqu'il me demanda si j'étais certaine qu'il était le père. Cela me décevait qu'il pense de la sorte, mais je ne pouvais pas le blâmer, j'avais longtemps été comme cela, à courir plusieurs hommes à la fois, à toujours chercher leur compagnie.

-Oui, je suis certaine, il n'y a eu personne d'autre..., continuais-je à voix basse.

"Il n'y a eu personne d'autre car je n'aimais que toi". Pourquoi est-ce que ça sonnait tellement mal dans ma tête. Je n'osais pas le dire de peur de paraître idiote. Si en plus d'avoir un enfant de moi, il devait se préoccuper de mes sentiments...

Je ne pu m'empècher de sourire lorsqu'elle me dit qu'elle était certaine que je sois le père. Je passais d'une émotion à l'autre, je m'en rendais bien compte, mais elle ne pouvais même pas savoir ce que je pouvais ressentir en ce moment.

-Je ... Je t'ai dit que je t'aiderais ... Et c'est d'autant plus vrai si c'est mon enfant.

Je pris une grande inspiration et je dis:

-Je veux ... M'acheter une maison, j'ai de l'argent tu sais très bien que je n'ai pratiquement jamais touché à l'argent que j'ai fais durant toutes ses années.

Je détournais le regard, elle ne m'aidait pas beaucoup, je n'aimais pas dire ce que je ressentais, elle devait le savoir avec toutes ses années.

-Et j'avais dans l'idée que tu viendrais avec moi ... Enfin si tu en as envie, ... Tu n'as pas à t'inquieter Clairval ... Je veux des enfants. Dis-je d'une voix basse.

Je ne releva pas les yeux vers Carl, malgré ses paroles réconfortantes. Je ne me sentais toujours pas très à l'aise dans toute cette histoire. Je n'étais pas quelqu'un qui aimait cacher des choses, alors ne rien lui dire sur mes sentiments me pesaient beaucoup. Surtout lorsqu'il disait avoir l'intention de s'acheter une maison et que je pouvais faire partie de cette nouvelle vie. Et en disant qu'il voulait DES enfants, ça impliquait un peu qu'il en voudrait d'autres avec moi, du moins je l'espèrais.

-Évidemment que j'en ai envie Carl. Je passerais le reste de ma vie à tes côtés si tu me le demandais.

Je pinça les lèvres ensemble. C'était vraiment sorti tout seul. La fatigue me faisait dire des choses que je ne voulais pas dire maintenant. Il était trop tard pour revenir en arrière par contre. Je fis donc ce que j'étais la meilleure à faire, je fis comme si je n'avais rien dit.

-On peut avoir un jardin? J'aimerais faire pousser des trucs, murmurais-je en fermant les yeux, un léger sourire sur les lèvres.

À défaut de récupérer le vignoble que je m'étais achetée avant d'aller en prison, je pourrais tout de même faire pousser quelques vignes et même des légumes sur une plus petite parcelle de terrain.

Je fus surpris de ce qu'elle me dit. Disons que je ne m'attendais pas à ce qu'elle me dise une telle chose. Je croyais, enfin, je ne savais pas réellement ce à quoi je pensais à propos d'elle. J'aurais cru qu'en sortant d'ici elle voudrait s'éclipser, rester le plus loin possible de moi et de ce que nous avions vécus en prison. Mais au contraire, elle venait de me qu'elle passerait le reste de sa vie à mes cotés si je le lui demandait, c'était étrange, et je ne savais pas comment réagir, je décidais de rester silencieux à ce sujet, jusqu'à ce que les choses s'éclaissisent entre nous ...

Je fis un sourire lorsqu'elle me parla d'un jardin. Je me retournais, fixant simplement le plafond. Je dis ensuite:

-Évidement, nous aurons un jardin.

Je fermais les yeux, et je ne pris pas beaucoup de temps à trouver le sommeil. Mais je ne dormis pas beaucoup. Je me réveillais le lendemain, complètement collé contre Clairval, cela ne me surprenais pas vraiment. Je me levais, silencieusement sans la réveiller, je m'habillais et je sortis de la chambre. J'avais faim, et je savais qu'elle aurait également faim. Je n'avais pas d'argent sur moi mais le frère de Clairval nous avait donné de quoi passer 1 journée ou deux, le temps que j'ai acces à mes fonds ...

Il était très tôt, donc trouver quelque chose d'ouvert, à proximité ne fut pas si simple. Je trouvais finalement un restaurant où je pu prendre des choses à manger. J'étonnais le cuisinié en commandant un hamburger avec des frites, Un steak avec de la sauce, des frites pour moi aussi, de la salade et du lait ... Pour ce qui était du Wisky je devrais attendre un peu. J'achetais également dans oeufs dans un dépanneur au cas ou Clairval ne voudrait pas manger immédiatement un hamburger ... Moi j'avais ce steak dans la tête depuis tellement longtemps ...

Je revins ensuite au motel avec mes achats.

Je sentis Carl s'endormir rapidement. J'aimais écouter le son de sa respiration tandis qu'il dormait, c'était terriblement réconfortant. Je resta un moment, je ne pourrais dire combien de temps exactement, à écouter sa respiration avant de m'endormir, me blotissant contre lui. Je pouvais me risquer à le faire puisqu'il dormait et de toute façon, un peu plus tard dans la nuit, se serait lui qui se retrouverait presque complètement sur moi.

Je me réveilla le lendemain matin un peu perdu en voyant les murs blancs de la chambre. Je pris quelques secondes à me souvenir que je n'étais plus en prison, que j'étais dans une chambre de motel avec Carl. C'est à ce moment que je réalisa que Carl n'était plus dans la chambre. Je fronça les sourcils, un peu inquiète.

-Carl?

Aucune voix ne me répondit. Je m'interdis de paniquer. Il ne serait pas parti, pas après ce qu'il m'avait dit hier soir. Ce n'était pas son genre, Carl était un homme d'honneur.

Je me leva, attrapant mon sac pour y sortir quelques vêtements propres, et vraiment démodés, je devrais aller magasiner lorsque j'aurai vérifier l'état de mon compte bancaire, et me dirigea vers la petite salle de bain. Je pris une longue douche chaude. C'était tellement plaisant. J'avais presque oublié à quel point l'eau chaude pouvait être une des meilleures choses sur terre.

Je finis par ressortir de la salle de bain, vêtu de mes vieux vêtements propres, une serviette dans les mains, tentant de faire sécher mes cheveux sans trop les emmêler. Je n'étais pas certaine d'avoir une brosse à la porter de la main. Dès que je pénétra dans la chambre, une odeur vint me chatouiller les narines.

Je souris en voyant Carl et m'approcha lentement de lui.

-Ham-bur-ger?!

Je souris un peu en voyant Clairval, trouvant sa réaction amusante. Je sortis le lait du sac et je dis:

-Oui, Hamburger, frite, et lait!

Je m'avançais vers la table et je sortis tout ce que j'avais acheté, sentant mon ventre hurler de famine. 6 ans ... 6 longues années à manger de la nourriture dégoutante ... Je pouvais supporter bien des choses, mais ce que l'on nous servais à manger à sadismus était tout simplement atroce. Rien que l'odeur me ferais baver si je ne me retenais pas un peu ...

Je sortis la nourriture de Clairval et la mienne. Je m'installais ensuite à la table et je fixais mon steak durant quelques instants. Je levais les yeux vers la jeune femme et je dis:

-Prète à revivre? Dis-je avec une pointe d'amusement dans la voix.

Je pris une bouchée de mon steak ... Je crois que je n'avais jamais mangé quelque chose d'aussi bon de toute ma vie ... enfin, surement que oui, avant la prison, je mangeais souvent si ce n'est pas tout le temps dans les restaurants. Ne sachant pas faire à manger ... Mais ça, après 6 ans de prison, c'était quelque chose ... Je fermais les yeux de contentement. Je me versais un verre de lait, en pris une gorgée mais fis une grimace.

-Non ... Ça par contre, ça ne me plais pas plus après 6 ans de prison ...

J'haussais les sourcils. Je détestais le lait. Je n'en mettais même pas dans mon café. Bon j'aimais bien le sucre et je n'en mettais pas plus, j'aimais tout simplement le café bien noir ... J'aurais dû en acheter du café, je vendrais mon âme pour du café ...

-C'est bon? Demandais-je finalement.

Je sautillais littéralement sur place comme une gamine de six ans lorsqu'il me dit qu'il avait bel et bien apporté un hamburgers, des frites et du lait. J'alla m'installer à la petite table de la chambre pour attendre mon repas.

-Prète à revivre?

Je leva les yeux vers Carl et lui fit un grand sourire.

-Totalement!!

La première chose que je fis, malgré mon état de faim plutôt intense, je me versa un grand verre de lait que je cala d'une traite avant de m'en reprendre un autre verre. Je mordis ensuite à pleines dents dans mon hamburger. Il manquait un peu de ketchup, mais c'était tellement délicieux comparé à ce que nous pouvions manger en prison. J'avala la moitié de mon hamburger et plusieurs frites avant de reporter mon verre de lait à mes lèvres.

-Sacrilège Carl! Le lait est le meilleur truc sur terre! Je vais te forcer à t'habituer, tu vas voir!

Je souris avant de boire d'une traite de nouveau le verre de lait. Je me resservis encore, toujours souriant à Carl.

-C'est excellent! Mais tu sais, je m'étais promis de me réveiller avant toi et d'aller chercher moi même toute ses bonnes choses. Je t'en veux un bon de m'avoir doublé de la sorte!

Je fis une petite moue espiègle avant de rire. Je baissa ensuite les yeux vers mon assiette.

-J'ai tellement hâte que l'on soit complètement installé, que l'on se trouve un chez-soi sympa et qu'on oublie le passé en se trouvant de nouveaux boulots. Tu me vois devenir professeure de maternelle?, dis-je en tentant de rester sérieuse.

Je souriais. Je crois que je n'avais tellement jamais souris que maintenant ça me faisais du bien de le faire. J'étais heureux, d'être ici en ce moment. Je n'avais eu aucun bonheur depuis 6 ans, alors la moindre chose me faisais du bien, et Clairval ... Je n'en savais rien, j'aimais la voir heureuse.

Je la regardait manger avec amusement, lorsqu'elle me dit qu'elle me forcerait à boire du lait mon expression changea immédiatement.

-Non! Pas du tout ... Lorsque je buvais du lait avant ... Enfin disons que je me sentais très mal. Dis-je sèchement.

Je souris un peu en l'entendant parler, elle venait de changer tellement subitement, et ce n'était pas pour me déplaire, j'avais toujours aimé le côté direct de Clairval, ce que je n'aimais pas c'était le fait qu'elle couche avec tout le monde ...

-Prof de Maternelle ... Je ne t'ai jamais vu avec les enfants, mais je crois que oui ça t'irait bien. Dis-je sérieusement.

Je terminais mon Steak, car je n'avais pas précisé que j'avais mangé horriblement rapidement aussi. Je songeais à ce que moi je pourrais faire, car je savais que je passerais probablement quelques semaines à relaxer, mais qu'ensuite, je ne serais pas capable de ne rien faire ...

-Et moi? Tu me vois faire quoi? Demandais-je en me prennant un verre d'eau. Sérieusement.

Je leva les yeux vers le plafond en l'entendant me parler sur un ton aussi sec. Comme il voulait que je le sache moi qu'il ne tolérait pas le lait? Il n'avait pas besoin de m'en vouloir pour autant. Mais sonton sec ne se transforma pas en mauvaise humeur, au contraire.

Je fronça les yeux lorsqu'il me dit que je ferais un bon prof de maternelle. Il m'avait bien regardé ou quoi? Je n'allais certainement pas faitre la pitre au milieu de plein de gamin mal élevé. J'aimais les enfants, du moins j'aimerais les miens, mais les autres, j'avais parfois du mal.

Je termine mon «petit déjeuner» et me reprit un autre verre de lait. J'allais boire la pinte au complet si je ne me contrôlais pas un minimum. Tout en buvant, j'observais Carl tout en réfléchissant à un métier qu'il pourrait faire. Je n'avais jamais pensé à cela. J'ignorais s'il savait faire quelque chose outre tuer des gens.

-Tu n'as jamais pensé à devenir videur dans une boîte de nuit?

Je manquais recracher mon eau. Je ris doucement, vraiment amusé par sa réponse. Videur dans une boite de nuit, elle était bonne celle là, elle me voyait vraiment en compagnie de plein de gens, la musique forte, l'alcool, les femmes?

-Non ... Mais un emploi du genre me plairais bien par contre. Mais pas dans un bar ou dans une boite de nuit Clairval ... Des plans pour que l'ont doive me sortir, moi.

Pas à cause de l'alcool, je ne boirais pas, je finirais par m'engueuler avec quelqu'un, c'était innévitable. Je mangeais quelques frites et je dis en fixant la jeune femme:

-Tu as vraiment envie d'être avec moi? ... Tu sais comment je suis ... Tu ne m'as jamais aimé.

Je parlais sans savoir. Elle avait toujours été avec d'autres hommes, mais bon, j'avais rarement été vraiment accessible, repoussant tout ceux qui m'approchaient.

Je posa doucement mon verre de lait sur la table, fixant Carl dans les yeux, un air très sérieux sur mon visage. On s'amusait là! Pourquoi il avait besoin de dire de telles choses maintenant?

-C'est plutôt TOI qui ne m'as jamais vraiment aimé Carl. Tu sais très bien que je t'ai toujours apprécié. Pourquoi crois-tu que j'étais toujours sur ton dos lorsque nous étions à New York? Je croyais que tu me connaissais assez pour savoir que lorsque je n'aime pas quelqu'un, soit je l'ignore, soit je le tue.

Je soupira et repoussa ma tête vers l'arrière, glissant ma main dans mes cheveux. Je reposa mon regard sur Carl en tendant le bras vers mes frites.

-Pour répondre à ta question. Oui, je veux vraiment être avec toi. Je sais comment tu es, je n'ai pas oublié. J'aime bien justement ton caractère. Un peu frustrant parfois, je l'avoue, mais c'est ce qui fait que tu es toi!

Je mangea une frite tout en rebaissant les yeux vers la table pour attraper mon verre de lait.

J'étais con, c'était probablement la raison de cette question. Je faisais tellement tout pour que l'on me déteste que je n'arrivais pas à conçevoir que l'on puisse m'aimer. C'était la même chose avec Eddy avant ... Et Clairval, et bien disons que je n'avais jamais regardé plus loin que le bout de mon nez.

-Je ... Enfin je croyais que tu aimais te battre avec moi et me rendre fou ... Dis-je en terminant avec un mince sourire.

Je secouais doucement la tête et je dis:

-Je n'avais jamais vraiment aimé personne ... Après Sarah, je n'étais pas apte à aimer quelqu'un. Eddy avait juste été, vraiment très insistante.

J'avais vraiment aimé Eddy, Clairval ne m'avais jamais fais d'avance, mais j'avais toujours été très proche d'elle, comme ami ...

-Enfin, c'était compliqué. Je fis une pause et je puisuivis en disant:

-Et ce l'est moins maintenant.

Je n'allais pas la laisser partir. J'avais besoin d'elle, et elle avait besoin de moi. En quelque sorte, c'était de l'amour, non?

Il était vraiment con. Carl Hyde était l'un des plus grand imbéciles de la planète!

Je décida de ne pas commenter son allusion sur le fait que mes intentions de jadis avait tout simplement été de vouloir le rendre fou et d'aimer me battre avec lui. Déjà à l'époque, j'aimais être avec lui et cela me décevait un peu qu'il croit que je voulais que l'embêter. Ce devait être pour cela que je n'avais jamais réussi à obtenir de lui un simple sourire à ce moment-là.

Je resta de marbre lorsqu'il évoqua le nom de Eddy. Une autre raison pour laquelle il était con. Cela ne se fait tout simplement pas de parler comme ça, tout bonnement, de son ancienne maîtresse. La façon dont il avait prononcé son prénom... C'était perturbant. Pour moi du moins. Je ne pouvais m'empêcher de penser que si elle avait toujours été en vie, qu'il serait aller la rejoindre et je n'aurais eu qu'à partir de mon côté.

-Heureuse de voir que je te complique moins la vie, dis-je tout simplement sur un ton très neutre.

Je n'étais pas fâchée. Pas vraiment. C'était difficile de vraiment être fâchée après lui.

-Ce n'est pas ce que je veux dire. Grognais-je suite à ce qu'elle venait de me dire.

Je ne pris pas un long moment de silence, car ce que j'allais dire sortit visiblement tout seul, j'en fus moi-même étonné.

-Je t'aime et je le sais maintenant. Dis-je sèchement.

j'haussais les sourcils. Et bien, ce que je voulais dire était finalement dit. Je ne voulais pas necessairement le dire ainsi mais peut importe, je sentais qu'entre moi et Clairval ce serait souvent tendu, je ne lisais pas entre les lignes en amour, et elle n'ont plus visiblement ...